L’équipe du Cantal Ink vous l’annonçait au mois de janvier 2016 : le Festival International du Tatouage de Chaudes-Aigues recevra cet été la visite d’un authentique maître du tatouage japonais, Honda Tsuyoshi. Un événement inédit pour notre convention pas comme les autres. Mais derrière le fantasme se cache une réalité bien plus cruelle : le Japon pourrait bien reléguer tous ses tatoueurs à la clandestinité.
Depuis l’Occident, le tatouage japonais est perçu comme un art à part entière : on le voit comme aussi apaisant, aussi chargé de symboles et d’esthétique que les estampes d’un Hokusai. L’irezumi fascine plus que jamais à l’ouest de l’Extrême-Orient : c’est cette forme traditionnaliste pure, réalisée exclusivement à la main, loin des dermographes, que pratique Honda Tsuyoshi. Il en fera la démonstration les 2 et 3 juillet 2016 à Chaudes-Aigues.
Mais au Japon même, le son de cloche est tout autre. Loin de surfer sur la démocratisation qu’a connu la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ces dernières années en matière de tatouage (le pourcentage d’habitants tatoués dans ces pays serait respectivement de 10 %, 20 % et 30 %), l’archipel nippon continue de traiter ses tatoués comme des parias. Dans l’imaginaire collectif de l’Empire du soleil levant, le tatouage est toujours fortement apparenté aux yakuzas, ces membres du crime organisés.
Dans ce contexte déjà très tendu, un événement récent a mis le feu aux poudres : l’arrestation, en 2015, de plusieurs tatoueurs par la police nippone. Sous quel motif ? Celui-ci : ces tatoueurs auraient enfreint le Code de la médecine japonais. Vous ne rêvez pas : le Japon se dirige tout droit vers un État où seuls les médecins auront le droit de pratiquer le tatouage. La mesure, ubuesque, a donné lieu à la création d’une pétition pour sauver le tattoo dans le pays.