Problèmes logistiques et normes de sécurité, partenariats et équilibre budgétaire : différents facteurs m’ont poussé, à l’issue de mois d’intense réflexion, à prendre cette pénible décision. Dans un souci de transparence totale avec ceux qui ont manifesté leur sympathie et leur attachement pour le Cantal In’k, je m’apprête ici, au nom de toute l’équipe, à évoquer ces facteurs.
L’une des raisons qui nous ont poussés à reporter le 3ème chapitre de l’histoire du Cantal In’k est d’ordre logistique : nous sommes venus à manquer cruellement d’espace sur le site d’exploitation.
La solution, nous l’avions pourtant trouvée en tentant d’acquérir le bâtiment de l’école privée de Chaudes-Aigues, marquant la frontière entre le site même du Festival et l’entrée de celui-ci. Un lieu parfait, donc, qui nous permettait de mettre un terme à nos problèmes logistiques.
Aujourd’hui, la réalité est que nous ne pouvons plus développer le Festival sans régresser qualitativement : la seule pensée de décevoir les festivaliers nous est insupportable. Nous nous devons d’être raisonnables : nous souhaitons rester au moins à la hauteur des deux premières éditions.
Autre facteur ayant parlé en défaveur du Cantal In’k 2015 : la sécurité. Jusqu’à la 2e édition encore, tout allait bien. Mais pour un respect scrupuleux des règles de sécurité, il nous faudrait agrandir le site de notre convention pour accueillir chaque festivalier, tatoueuse et tatoueur. Les normes sont ainsi faites et nous nous refusons tout écart à ces règles.
Il est donc positif, utile de montrer que dorénavant, le tatouage, qui touche toutes les couches socio-professionnelles malgré une marginalité de façade, n’a pas eu, lors des deux éditions du Cantal In’k, à se justifier de comportements irrespectueux, incivils ou violents.
La surprenante et encourageante rapidité avec laquelle le projet Cantal In’k a grandi, nous empêche aujourd’hui de continuer à gérer seuls l’événement. L’édition 2015 nous oblige à trouver plus de partenaires pour nous accompagner tout du long de cette belle aventure.
L’argent est le nerf de la guerre : bien malheureusement, l’adage s’applique aussi à un événement aussi intime que le Festival du Tatouage. Je vous ai promis de la transparence : je dois vous dire que le budget investi dans la 2nde édition du Cantal In’k n’a pas encore été équilibré. Nous placions nombre de nos espoirs dans ce 3e volet.
Tout en nous certifiant qu’il est important que des initiatives comme la nôtre relancent l’économie d’une région comme l’Auvergne, la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique (SACEM) nous réclame, pour les deux premières éditions, des sommes d’argent conséquentes. Le motif ? Les morceaux, originaux ou non, chantés par les différents groupes de musique invités au Festival. On essaye de nous ponctionner nos non-bénéfices.
Ici, il convient de signaler qu’une très large majorité des groupes jouant au Cantal In’k propose ses propres compositions, certains étant même extérieurs à la France. En ce sens, la base de calcul de rétribution des artistes adoptée par la SACEM nous parait non seulement obscure, mais aussi absurde. En effet, un seul groupe – Lady Pirate et ses Dollies – a joué des reprises, américaines qui plus est.
La commune de Chaudes-Aigues n’échappe pas, elle non plus, à la nécessité de restriction budgétaire. Dans les faits, cela passe par le transport des festivaliers : les navettes permettant de rejoindre le village depuis les parkings, et qui faisait partie du partenariat établi entre le Cantal In’k et la municipalité de Chaudes-Aigues par l’ancienne maire de la commune, Madame Madeleine Baumgartner, semblent dorénavant poser problème dans leur prise en charge.
Monsieur Molines, le maire actuel, nous a demandé de faire un effort pour prendre tout ou partie des navettes à notre charge, ce qui nous est malheureusement impossible. Ces navettes n’en demeurent pas moins complètement indispensables, dans la mesure où l’on ne peut garer des milliers de véhicules dans le village : nous souhaitons permettre aux habitants, aux enfants et aux festivaliers de circuler en toute sécurité et de profiter des jolies rues de notre village, libérées de ces encombrants véhicules. Sur deux éditions, ces navettes ont permis à 22 000 personnes de rejoindre le village et de générer un chiffre d’affaire de plus d’1 200 000 € pour Chaudes-Aigues.
Au vu des facteurs évoqués à l’instant, nous avons songé à poursuivre l’aventure du Festival en changeant sa configuration, ou tout simplement en le délocalisant – à Clermont-Ferrand par exemple. Mais le projet a vu le jour à Chaudes-Aigues et pour Chaudes-Aigues : nous aurions l’impression de trahir cette belle histoire en déménageant un événement qui, à nos yeux, ne peut avoir lieu que dans ce petit village du Cantal.
En ce début d’année, l’heure est au bilan. Pour ce village de 900 âmes, on a pu totaliser quelques 22 000 festivaliers pour les deux premières années, autant de curieux qui auront découvert ou redécouvert le tatouage et Chaudes-Aigues. Une prouesse dont nous ne sommes pas peu fiers.
Le Festival du Tatouage est une magnifique aventure qui nous a habités et guidés pendant presque quatre ans. Aujourd’hui, je tiens à remercier chaleureusement tous les tatoueurs qui sont venus des quatre coins du globe et qui ont atterri dans ce petit bout de France. Je tiens aussi à remercier du fond du cœur les tatoueurs français qui ont fait parler du Festival autour d’eux, et qui sont venus si nombreux, en stand ou en tant que visiteurs.
Un très grand merci, également, aux bénévoles, à nos partenaires et amis, ainsi qu’à notre famille, pour leur aide inestimable et leur temps. Aux habitants de Chaudes-Aigues, aussi, qui ont cru en ce projet, et à leur accueil mémorable. Et enfin, merci à ceux qui ont donné la vie, par leur présence, à ce projet, cet événement, cette réunion de famille : les festivaliers.
Stéphane Chaudesaigues
Fondateur du Festival du Tatouage