Fini le temps du cœur dédié à maman pour la vie ou de deux initiales tatouées à la va aussi vite que les amours qu’elles célébraient. Effacée, ou presque, l’image du tatoué forcément loubard, férocement marginal.
De celles qui ornent le corps de Stéphane Chaudesaigues, tatoueur de renom, qui organise le premier festival du genre dans la petite ville dont il porte fièrement le nom. Et dont le bras arbore la source du Par.
Il fait sans aucun doute partie de ceux qui ont donné au tatouage ses lettres de noblesse. De ces artistes qui, au début des années quatre vingt dix, ont franchi un cap : celui de la peinture sur soi. De ces tatoueurs, parmi les meilleurs mondiaux, qui seront présents début juillet à Chaudes-Aigues:
Pas moins d e 140 tatoueurs, dont 125 extérieurs à l’Auvergne ou même à la France vont jeter l’ancre dans la petite cité thermale trois jours durant. Certains, dont ce sera le premier déplacement dans l’Hexagone, seront même présents avant et après le festival pour répondre aux demandes des fans. Des fans qui sont aujourd’hui de véritables collectionneurs, à l’image de Pascal Tourain, maître de cérémonie, tatoué de la tête aux pieds que les festivaliers (re)découvriront dans son spectacle L’homme tatoué.
Stands et défilés de tatouages mais aussi concerts, spectacles – dont le show burlesque de Mimi Le Meaux, vue dans Tournée, de Mathieu Amalric, et performances vont ainsi rythmer le festival. Un festival qui, en deux jours de célébration, compte bien aussi planter ses racines.
Sur cette terre Caldaguès qui est la sienne, Stéphane Chaudesaigues a déjà réussi le pari de faire tomber les barrières. Pas un habitant du cru qui ne se soit approprié la manifestation.
« Ce n’est déjà plus notre manif, sourient Cécile et Stéphane Chaudesaigues. C’est la leur. »
« On attend raisonnablement 2.500, 3.000 personnes, poursuit Stéphane. Ce sera déjà une réussite parce que c’est un sacré challenge de faire ça ici. Après, en terme de rentabilité, on a un budget de 220.000 €, et par rapport à l’investissement personnel, ça fait plus de deux ans qu’on travaille dessus, c’est autre chose. Mais le but n’est pas de faire de l’argent. C’est qu’il y ait cette rencontre entre deux familles, deux cultures : le streetart et le rural. Parce que finalement, les deux revendiquent la même chose. Si ça marche, on le fera tous les ans. La deuxième édition, on l’a déjà annoncée mais à une seule condition : que le village soit d’accord. »
Mais pourrait il en être autrement ? Ne serait ce que par l’encre que ce festival va faire couler. Arrosant au passage la notoriété d’une petite cité de 1.000 âmes, réputée certes pour ses tables et ses thermes, mais qui se verrait bien aujourd’hui musée éphémère de peintures éternelles.
Le festival a déjà son off :
Six concerts prévus sur les deux jours.