Chaudes-Aigues, La voix du Cantal Jeudi 4 juillet 2013. Un festival qui va faire couler beaucoup d’encre.
Stéphane Chaudesaigues
Avec ses tatouages sur les avant-bras brandis comme des étendards, les muscles saillants, difficile de croire en la tendresse de Stéphane Chaudesaigues et pourtant les apparences sont parfois trompeuses.
Ce tatoueur reconnu sur la place parisienne (ndlr : il a monté l’enseigne Graphicaderme qui regroupe 20 professionnels et 7 studios sur le territoire*), l’avoue lui même, il ne fonctionne qu’à l’affect. Le moteur de toute une vie. « Avec ce festival sur la terre de mes ancêtres, on peut dire que la boucle est bouclée. C’est un aboutissement pour le marginal, le petit rebelle de la forêt que j’étais » ! Explique l’organisateur. Voilà pour le résultat, mais sur le parcours qui l’a amené́ jusque-là̀, l’homme se fait beaucoup plus taiseux et délivre seulement par petites bribes les épisodes de sa vie.
Au cours de la discussion, à peine en apprend-on un peu plus sur l’existence d’un père qui lui avait été́ caché. « J’étais dans une quête d’identité́, alors qu’à 7 ans, lorsque je suis devant ma télévision et que j’entends parler d’un village appelé Chaudes-Aigues, de sa station thermale, de ses sources d’eaux chaudes, cela me fait quelque chose. Je crois d’abord qu’on parle de moi et par association je me dis que ce village, c’est forcément de là que je viens !
Tandis que les autres enfants de mon âge jouaient à incarner Robin des Bois moi je ne rêvais que de mon village » ! Un pressentiment qui n’aura pas été́ totalement fantasmé, puisque quelques recherches généalogiques plus tard, la vérité nue sur ses origines lui apparait enfin. « J’ai vérifié́ avec l’aide d’un généalogiste, à partir de 1600, tous mes ancêtres viennent de là, de Chaudes-Aigues, de Mallet, de la vallée de Fridefont. J’ai même des aïeux qui étaient gardes de la forêt royale de Fridefont. La plupart d’entre eux étaient des journaliers. Après 1774, ils sont ensuite tous devenus parisiens ».
La capitale dans laquelle Stéphane a fait ses armes dans le tattoo, « à une époque où il n’y avait rien encore », confie-t-il.
Le territoire était encore vierge et donc riche à explorer. En bon autodidacte, c’est donc sur sa propre peau qu’il réalisera son premier tatouage. « Ce qui m’attirait, c’était la transgression de l’interdit, la sensation de m’approprier ma personne. Que ce soit bien fait je m’en foutais un peu, c’était l’acte puissant du rituel initiatique qui m’intéressait alors » ! Témoigne l’intéressé qui a ouvert son premier atelier à l’âge de 19 ans.
« Beaucoup de tatoueurs actuels sortent d’écoles d’art et possèdent vraiment un potentiel artistique. Avant de passer au tattoo, beaucoup d’entre eux se sont déjà̀ essayés à l’aquarelle par exemple. Certains sont aussi illustrateurs, infographistes ou webdesigners ».
En attendant, Stéphane espère pérenniser un festival dans lequel il a investi près de 200 000 euros de fonds propres. Les 1 000 personnes ayant d’ores et déjà̀ réservé́ leur place en ligne sur Internet le confortent dans cette idée.
Simon Rigal * D’abord basée à Avignon avec la création d’un atelier, l’enseigne proposant tatouages et piercings s’est ensuite étendue avec l’ouverture d’ateliers à Orange, Nîmes, Vaison-la-Romaine, Valence, Nancy puis Paris. Plus d’informations concernant le festival sur www.festival-tatouage.com/fr