Un corps tatoué comme un pied de nez.

Saint-Flour Vie locale. À qui d’autre aurait-on pu confier le rôle 
de Monsieur Loyal durant ces deux jours de festival à Chaudes-Aigues ? Assurément, personne. Le comédien Pascal Tourain l’a joué à la perfection. Séverine Perrier

 

FESTIVAL DU TATOUAGE DE CHAUDESAIGUES.

 

Pascal Tourain, l’homme tatoué de la tête aux pieds, a joué les maitres de cérémonie.

Un corps tatoué comme un pied de nez.

 

Une carrure imposante et une voix posée, presque douce.

 

Un corps entièrement tatoué mais de dessins éternels réfléchis.

D’ailleurs, pour le premier d’entre eux,  une gargouille près de l’épaule gauche. L’homme avait déjà̀ 38 ans.

Pascal Tourain pourrait passer pour un paradoxe.

Il est juste un pied de nez aux idées reçues qui, si elles ont largement cédé́ la place à un nouveau regard sur les tatoués, n’ont pas complètement disparu.

Mais l’homme assume. En joue d’ailleurs et pas que dans son spectacle L’homme tatoué. Il sait qu’il en impose alors il use de son humour. Son corps entièrement tatoué pose question ?

Il en fait un show. Y répond une nouvelle fois. Et donne une petite leçon au passage. « J’y raconte mon itinéraire et en même temps, j’espère ouvrir les gens à plus de tolérance. »

Les tatouages ? Il en avait « envie depuis tout petit. Ça me faisait rêver. J’adorais les chanteurs de rock, Popeye... Quand j’ai eu l’âge d’en faire, ce n’était pas très répandu dans ma Picardie natale.

Et comme je voulais être acteur, je me suis dit que ça allait être encore plus compliqué si j’étais tatoué.

Et c’est quand je me suis rendu compte que ma vocation ne me mènerait pas là où je voulais que j’ai décidé́ de me faire plaisir. »

 

« Toi, tu vas revenir ».

 

À 38 ans, Pascal Tourain pousse alors la porte d’un tatoueur.

 

« Il m’a fait cette gargouille. Et il m’a dit : “Toi, tu vas revenir”. J’ai dit : “Non, non, je suis content comme ça”. Et je suis revenu. En fait, le tatouage, c’est addictif. C’est comme les frites :

C’est bon, alors tu finis l’assiette et t’en reprends. Et surtout, je me sentais beaucoup mieux.

C’était comme une deuxième jeunesse pour moi. Je me suis offert une deuxième peau pour entamer la deuxième partie de ma vie. » Une deuxième peau aujourd’hui entièrement recouverte de ces œuvres d’art gravées à jamais. « Les derniers que j’ai faits, c’est sur les pieds. Bon, ce n’est pas tout à fait terminé parce que la douleur est insupportable. »

En tout, ce sont quelque 400 heures de tatouage en neuf ans. Des œuvres toutes pensées et réfléchies, jamais décidées sur un coup de tête. « Il y a des échanges aussi avec le tatoueur. Il sait mieux que nous. Ce n’est pas qu’un exécutant. »

D’ailleurs, Pascal Tourain n’affiche aucun regret : pas un tatouage qu’il ne souhaiterait aujourd’hui effacer. Pas plus qu’il ne cherche à tout prix un petit bout de peau qui serait passé au travers de l’aiguille et de l’encre. « J’aurais sans doute des regrets si j’avais commencé à 16 ans mais ce n’est pas le cas. Et peut-être que si c’était à refaire, ces tatouages seraient différents.

Mais tous ont été́ faits à un moment présent. Et le choix des motifs correspond bien sûr à mes centres d’intérêt. »

Ce week­end, l’homme tatoué, qui ne mérite d’ailleurs pas d’être réduit à ce simple titre, a ainsi promené́ sa singulière silhouette dans tous les recoins du festival.

Animant les stands. Présentant les défiles. Véritable Monsieur Loyal, l’humour collé au cœur, il a même fait le show par deux fois dans son spectacle qui tourne depuis dix ans.

Usant une nouvelle fois de la scène ­ comme de son corps, pour un dernier pied de nez. « Le tatouage est un art qui a évolué́ de manière considérable.

Avant, il n’y avait pas de formation. Rien. Aujourd’hui, ils ont des bagages artistiques immenses.

Et il y a de moins en moins de regards désapprobateurs sur les tatoués. Les mentalités ont évolué́ très rapidement finalement. "Le tatouage est presque devenu banal".

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