Depuis le milieu des années 90, Jack Ribeiro occupe une place à part dans le paysage français du tatouage. Cet addict de métal et de noir & gris a été l’un des tous premiers tatoueurs à développer le style dark dans l’hexagone. Depuis, sa belle carrière a suivi son cours, jalonné de récompenses et de conventions. Il sera d’ailleurs présent à celle organisée par Stéphane Chaudesaigues les 5, 6 et 7 juillet prochains dans le Cantal. Une occasion comme une autre de retracer le parcours de Jack.
Le père de Jack meurt trop tôt. Pour échapper à l’inertie, Jack rêve un peu : au menu des kilos et des kilos de comics où Spiderman le dispute aux Quatre Fantastiques. Cette consommation frénétique et onirique le pousse vers le dessin. C’est bien simple, Jack se met à dessiner non stop. Un de ses professeurs remarque sa manie mais aussi la qualité de son trait. C’est qu’en quelques heures, Jack, dix ans, vient de reproduire trait pour trait un Don Quichotte de Gustave Doré. L’instituteur lui demande alors de réaliser pour lui des portraits de famille. Le portrait, c’est déjà le truc de Jack.
Le lycée s’achève. Que faire? Jack voudrait tenter les Beaux-Arts. La conseillère d’orientation de son lycée et sa mère le lui déconseillent. Il faut apprendre un métier. Pour Jack, ce sera le dessin industriel, puisqu’il faut bien choisir quelque chose. Mais pour un temps, il vivra surtout de débrouille et de petits boulots.
Ce style est reconnaissable entre mille. Dark, étayé de références pop et horror, il n’en demeure pas moins une expression infiniment personnelle qui fait la part belle au ressenti d’enfant. C’est la qualité du noir et gris qui d’abord attire l’œil. Il aime la solennité de la bichromie. Même solennité du côté de sa garde-robe, entièrement noire. Un art corporel à rapprocher du style de Guillermo del Toro derrière une caméra. Il étaye son savoir-faire : en plus du tatouage, Jack se frotte à la peinture à l’huile, à l’acrylique, fabrique et sculpte dermographes et bijoux de piercings. Leonard de Vinci écoutant du métal.
Il est un des tatoueurs français les plus assidus lors des conventions où il se rend à la fois pour montrer son travail à un public averti et pour découvrir celui des autres. Invité un peu partout dans le monde, Jack Ribeiro ne boude pas son plaisir. C’est que sa reconnaissance, il la doit pour partie aux conventions : ses rencontres avec Tin-Tin, Micky Vialetto, Roberto Hernandez, lui ont peu à peu ouvert les portes de la scène mondiale du tatouage. Son talent a fait le reste. Pourtant, malgré les sollicitations, il a choisi de demeurer en Lorraine. Si le premier studio a fermé, Jack ne s’est pas la suite pas beaucoup éloigné. Il a poussé jusqu’à Metz quelques temps, avant de poser ses valises à Thionville. Son studio, By-Jack, ne désemplit pas.
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